Chaque année, 80.000 patients reçoivent une chimiothérapie à base de fluoropyrimidines (5 FU et Capecitabine). Cette classe thérapeutique est métabolisée par une enzyme, la dihydropyrimidine deshydrogénase (DPD), dont l’activité est variable d’un individu à l’autre. Un déficit en DPD, qu’il soit partiel (3 à 5 % des patients) ou total (0,01 à 0,05 % des patients), peut entrainer une toxicité grave, voire mortelle, en cas d’administration de fluoropyrimidines.
Deux approches permettent d’évaluer l’activité de la DPD : le phénotypage par dosage de l’uracile circulant naturellement dans le sang, éventuellement couplé au génotypage recherchant les principales mutations à l’origine d’un déficit en DPD. L’association des 2 approches augmente modérément la sensibilité du dépistage.
En février 2018, l’ANSM s’est positionnée en recommandant le dépistage du déficit en DPD, sans préciser l’approche à privilégier (phénotypage seul ou couplé au génotypage). La principale problématique réside dans l’absence de remboursement de ces techniques.
Plus récemment, en décembre 2018, la HAS a publié un communiqué de presse émanant d’une concertation d’un panel d’experts multidisciplinaires, recommandant le dosage d’uracilémie avant toute chimiothérapie à base de fluoropyrimidine. Ce panel a considéré que le phénotypage seul permettait, à moindre coût, de repérer le déficit complet en DPD, à risque de toxicité létale. Les seuils d’uracilémie retenus sont consultables sur https://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_2892234/fr/des-recommandations-pour-prevenir-certaines-toxicites-severes-des-chimiotherapies-par-fluoropyrimidines
A l’heure actuelle, le phénotypage seul est possible dans certains laboratoires hospitaliers et privés (ces derniers imposant un coût moyen de 35 euros non remboursés). Le phénotypage couplé au génotypage est également disponible dans certains laboratoires hospitaliers et privés (Test breveté 5FuODPM pour un coût moyen de 150 euros non remboursés). Nous attendons avec impatience un remboursement du phénotypage seul.
Nous ne pouvons que vous rappeler l’importance de proposer à vos patients ce test, évidemment avant la première cure de fluoropyrimidine (les patients déjà traités sans toxicité sévère n’étant plus concernés). Le délai d’obtention du résultat doit être inférieur à 10 jours. Nous vous incitons à vous rapprocher de vos laboratoires hospitaliers et privés afin de connaître la disponibilité du test.
Nous attirons évidemment votre attention sur le risque médico-légal encouru en cas de toxicité sévère aux fluoropyrimidines sans recherche préalable de déficit en DPD.
Dr. Julien VOLET