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SÉGUR DE LA SANTÉ : OSONS !

La crise à Covid-19 a mis en évidence les difficultés de fonctionnement de notre système de santé. Elle a particulièrement pointé du doigt les difficultés de fonctionnement de l’hôpital public en souffrance depuis de nombreuses années. Elle a aussi mis en évidence la réactivité et l’agilité des médecins et des professions paramédicales qui ont su relever le défi d’une crise sanitaire sans précédent. Nous ne pouvons pas en dire de même de nos tutelles, et tout particulièrement des ARS qui, du scandale des masques à celui non moins important du blocage de la reprise d’activité sur les plateaux techniques lourds, ont montré leur lourdeur et leur manque d’adaptabilité à la gestion d’une pareille crise et, oserais-je dire, à la gestion efficace d’un système de santé moderne.

C’est dans cet état d’esprit que viennent de débuter les travaux des 4 piliers du Ségur de la Santé que d’aucun appelle déjà, à juste titre, Ségur de l’Hôpital. Si notre Ministre de la Santé s’en défend, et si, objectivement, il a donné une place à la représentation libérale dans les différents piliers du Ségur de la Santé, force est de constater que les discussions sont très hospitalo-centrées. Force est de constater également que ces discussions conduisent les différents acteurs à rester dans leur environnement, dans leur silo, hérités des ordonnances de 1958. Rappelons-nous que ces ordonnances Debré ont créé les CHU, imposant un temps plein aux médecins, les obligeant en contrepartie à consacrer la totalité de leur temps aux soins, à l’enseignement et à la recherche. La médecine libérale se retrouvait quant à elle limitée aux soins à l’exclusion de toute autre activité.

A la lumière des premières discussions qui ont jalonné les 4 piliers du Ségur de la Santé, on imagine dès à présent combien il sera compliqué d’avoir une synthèse efficace pour la réforme attendue par tous. Alors osons le changement. Osons un discours disruptif et novateur adapté aux enjeux et à la nécessaire évolution de notre système de santé. Il y a 25 ans, le Haut Conseil de la réforme hospitalière proposait d’organiser des communautés hospitalières et universitaires régionales. Aujourd’hui, nous devons aller plus loin. Nous devons proposer une coordination de tous les acteurs de santé avec des missions définies pour chacun et rejeter le système concurrentiel imposé par la prééminence du financement de nos hôpitaux et de nos cliniques par la T2A. Nous, médecins, savons au quotidien nous organiser, entre acteurs d’une même spécialité, en coordination avec les autres spécialités médicales et chirurgicales et en particulier en lien constant avec les médecins généralistes. Nous savons aussi combien le rôle des paramédicaux et des autres professionnels de santé est important pour assurer le meilleur soin aux patients. Nous avons démontré au cours de la crise sanitaire à coronavirus notre agilité et notre réactivité. En lien avec les demandes légitimes des associations de patients, nous devons être les acteurs d’une organisation coordonnée des soins et les valoriser en tant que tels. Nous devons sortir des silos actuels et donner aux plus jeunes, à nos futurs confrères, la possibilité de réaliser une partie de leur formation en dehors des murs de l’université. Il en va de même pour la recherche clinique. Loin de nous l’idée de vouloir nous accaparer un titre ou une fonction. En revanche, c’est dans la complémentarité des différents acteurs et une plus grande souplesse que nous trouverons la voie d’une amélioration de notre système de santé voulue par ce Ségur. Les administrations, quelles qu’elles soient, doivent devenir des structures facilitatrices et d’accompagnement des projets de terrain alors qu’elles sont trop souvent encore aujourd’hui des freins dressant devant des initiatives territoriales, une véritable course d’obstacle. Alors oui, si nous sommes dans cet état d’esprit de faire bouger les lignes et d’avoir un discours disruptif, ce Ségur de l’hôpital deviendra peut-être un Ségur de la Santé avec une réelle ambition et une nécessaire reconnaissance pour les différents acteurs.

Dr. Franck DEVULDER
Juin 2020

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