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Une RCP pour le traitement de l’hépatite C : le Synmad dit non !

Alerté par la commission hépatologie du CREGG, le SYNMAD dénonce le saucissonnage de notre spécialité qui est une menace réelle pour l’hépato-gastroentérologie libérale. Suite au rapport DHUMEAUX, l’AFEF et la HAS ont proposé des réunions de concertation pluridisciplinaire pour le traitement de l’hépatite C.

Quelle est l’utilité d’une « concertation » alors que la quasi-totalité des patients seront guéris par une combinaison de deux molécules per os bien tolérées pendant douze semaines ? Les cas complexes, marginaux numériquement, ne seront évidemment pas pris en charge par l’hépato-gastroentérologue libéral isolément, et ne doivent pas servir de prétexte à l’instauration de ces RCP, sans même définir précisément et limitativement ce que recouvre le cas complexe…

Quelle est l’utilité d’une « pluridisciplinarité » faisant intervenir les virologues ? Si l’évolution des charges virales sous traitement interroge les experts de l’AFEF, libre à eux de mettre en place une étude scientifique avec les virologues. Le Synmad ne voit pas en quoi des RCP répondront à cette question car, avec ces nouveaux traitements (hors protocole de recherche), la surveillance per-thérapeutique des charges virales n’a pas d’intérêt. Les virologues auront leur place en pratique pour les co-infectés HIV mais, là encore, les rares hépato-gastroentérologues libéraux qui prennent en charge des co-infectés HIV ne le font pas seuls.

Si l’AFEF, avec la HAS, définit des indications reconnues et incontournables pour le traitement de l’hépatite C, chaque hépato-gastroentérologue doit s’y référer et pourra faire appel à un centre de référence s’il se sentait incompétent. En revanche, vouloir introduire un nouveau palier décisionnel laisse planer un doute sur la compétence et le libre-arbitre de l’hépato-gastroentérologie libérale et pose un réel problème de la définition de notre corps de métier et de la légitimité, pour tout hépato-gastroentérologue, de prescrire dans le cadre des recommandations.

A moins que l’intérêt de ces RCP soit à chercher ailleurs que dans les arguments affichés ; par exemple, dans la volonté de restreindre en pratique, à l’hôpital public, ces traitements compte tenu de leurs coûts (fixés sous la seule responsabilité du CEPS donc de l’État) et des restrictions d’indication basées sur des considérations économiques et non médicales. Mais, est ce le rôle d’une société savante de travestir, avec des arguments médicaux, des préoccupations économiques ? Et, pourquoi les hépato-gastroentérologues libéraux sont d’emblée soupçonnés de ne pas être accessibles à un argumentaire économique audible ?

Le SYNMAD considère que ces RCP sont une dérive dangereuse à double titre :

  • elles participent au dépeçage des compétences de l’hépato-gastroentérologue libéral puisqu’elles signifient qu’on ne lui fait pas confiance pour la prescription d’un traitement simple et sans danger (alors que, dans les pays anglo-saxons, on envisage de déléguer cette prescription aux médecins généralistes). Leur multiplication, et déclinaison dans d’autres domaines (MICI, périnéologie, nutrition, endoscopie thérapeutique…) aboutira, à terme, à exclure l’hépato-gastroentérologue libéral de ces champs de pathologie, ce d’autant que ces réunions sont consommatrices de temps et non rémunérées. La problématique n’est pas du tout la même que pour les RCP de cancérologie où de nombreuses spécialités (la chirurgie digestive, la radiothérapie, l’oncologie médicale, l’anatomo-pathologie …) mettent en commun leurs connaissances et leurs compétences pour soigner au mieux les patients.
  • l’introduction, à l’initiative de l’AFEF, des infectiologues (la virologie n’étant pas une spécialité reconnue par l’Ordre) dans la prise en charge au quotidien du traitement de l’hépatite C est, par ailleurs, très maladroite car ils ont toujours souhaité s’approprier cette pathologie.

Seul le SYNMAD est habilité, en relation avec les sociétés savantes et les autres groupes professionnels, à donner son avis quant à l’organisation de la médecine ambulatoire libérale en hépato-gastroentérologie. L’AFEF ne peut engager toute seule une réflexion sur l’offre de soins par rapport à la DGS et la HAS. Elle doit en faire état à la FSMAD et, surtout, au CNP de la spécialité où toutes les composantes sont représentées.

Nous ne manquerons pas, si ce projet est poursuivi, de vous alerter, du rôle joué par certaines sociétés savantes en connexion avec la HAS et la DGS, dans l’amputation médicalement injustifiée de votre champ de compétences au profit de l’hôpital public.

 

Références : HAS Prise en charge de l’ Hépatite C par les médicaments antiviraux à action directe (AAD) Juin 2014

eJOURNAL-_22-09-14.pdf

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