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eJOURNAL – LA TELECONSULTATION : UNE AVANCEE MAJEURE. SON EVALUATION PERMANENTE : INDISPENSABLE

Une  épidémie déferle, le confinement suit, les comportements doivent s’adapter et voilà que la téléconsultation prend sa place. La CSMF a su piloter le développement de cette innovation technique et culturelle. De nombreux pays ont depuis longtemps pour des motifs variés, ouvert cette voie. Les pays scandinaves pour des raisons géographiques. Le Canada pour des raisons de distance, La Suisse pour des questions de temps… pour n’en citer que trois. 

Une revue de littérature (sur la période 1946-2016) analyse 111 articles retenus (sur 1016 enregistrés au départ) mettant en jeu 67 pays et concernant plus de 28 millions de consultations. (1) La faiblesse de ce travail réside dans le manque d’homogénéité des données recueillies amenant souvent à des impasses de comparaison. Le temps de consultation est une des données le mieux recueillie. Le temps de consultation varie de moins de 48 sec (Bengladesh) à 22,5 minutes (Suède). La durée de la consultation augmente avec la densité médicale, et en parallèle avec  les dépenses de santé de ce pays. Ce facteur temps est aussi un critère de bonne pratique. Pour preuve quand les consultations sont courtes on retrouve plus de poly-médications, et plus de mésusages des traitements. Le temps plancher semble être 5’ ! 

Plus difficile à évaluer que le temps : le contenu. Une ébauche de réponse dans un travail prospectif de 15 mois concernant 36 médecins généralistes  représentant 23 cabinets. Le patient répond à un premier questionnaire en ligne. En cas de critères d’urgence sa demande est immédiatement redirigée vers un accueil personnalisé, sinon le patient est recontacté dans les 24h ouvrables qui suivent. Ce travail propose dans le même temps une recherche de normalisation des process , avec 4 questions évaluées pour chaque patient :

  1. Quel est l’objectif d’une téléconsultation ? Réponse : « Gagner du temps, et faire gagner du temps au médecin ».
  2. Quel élément permet d’adhérer au principe d’une téléconsultation ? Réponse : pour beaucoup « parce que le chemin d’un rdv normal était trop fastidieux !.. et je n’avais pas besoin d’une vraie consultation » !
  3. Quelle interaction entre les participants qui permet à une téléconsultation de fonctionner ? Réponse : « très utile d’avoir des réponses à mes questions », pour certains le questionnaire écrit  était plus utilisé : « j’ai eu plus de  temps pour décrire mes symptômes ». En revanche le médecin basculait souvent la téléconsultation vers une consultation traditionnelle.
  4. Comment les participants donnent ils leur appréciation d’une téléconsultation ?Réponse :  81% des patients sont satisfaits de ce mode de consultation, essentiellement pour des motifs de « confort » !! En revanche le personnel du cabinet y voit une surcharge de travail avec une organisation complexifiée. Le risque est aussi d’exclure les patients sans ressources technologiques suffisantes.

Qu’en est-il d’une valeur plus subjective la qualité ! Une tentative de réponse se trouve dans un travail expérimental hollandais publié en 2017, qui repose sur des consultations avec des patients « simulés » (3). La pathologie est unique: un problème de statique pelvienne. Résultat : aucune différence sur 48 consultations entre une Téléconsultation et une consultation en face à face que ce soit la relation interpersonnelle, la démarche diagnostic ou le partage de décision thérapeutique. En revanche les patients notent une plus grande écoute lorsque le praticien est une femme.

Une fois mise en place comment apprécier cette télémédecine ? Un journaliste suisse(4) analyse les avantages et risques de la télémédecine. A ce jour 82% des professionnels de santé suisse utilisent les mails pour répondre à leurs patients. Mais en Suisse les poids lourds de l’e-médecine sont les assureurs (Medgate ou Medi24) qui en font pour leurs adhérents, la porte d’entrée d’un éventuel rdv face à face avec le médecin « agrée ». Serait-ce alors une forme de limitation de l’accès aux soins ?? Les centres universitaires proposent un accès à distance pour toute spécialité mais avec réponse uniquement par mail sous 48h. 

Certes nous avons entamé une démarche irréversible de consultation à distance. Il faut en définir avec précision les conditions, les objectifs, les promoteurs, les critères de qualité. Une évaluation régulière par groupe de pairs paraît indispensable. Nous ne sommes pas encore dans un pays aux distances insurmontables. Nous ne sommes pas là non plus pour éviter les salles d’attente aux patients. Mais si le patient doit y trouver du confort, le médecin doit y trouver le même avantage! La baisse de fréquentation dans les cabinets, pendant cette pandémie, confirme que nous sommes bien loin d’une sous-population médicale. Si la bobologie pouvait disparaître de nos cabinets, tant mieux, mais évitons qu’elle ne revienne par la fenêtre de la téléconsultation.

Dr Jean-Paul JACQUES Mai 2020

  1. Irving G. &al. BMJ 2017 ;7 ;017902
  2. Farr M. & all. BMJ 2018 ;8e019966
  3. Tates K.
  4. Jean-Gabriel JEANNOT blogs letemps.ch

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