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LA MEDECINE 4P / 5P / 6P / COPIE DU 4P POLITIQUE OU STANDARDISATION DES COMPORTEMENTS : SEUL UN SYNDICAT FORT NOUS GARDERA LIBRE.

Notre métier de médecin repose sur la confiance que nous offrons à la relation médecin malade. Nous devons apporter une information validée. Les errements devant l’arrivée d’une épidémie inattendue a mis en lumière la force du doute et le risque des certitudes. 
La force du doute oblige à remettre en question une connaissance évolutive ou chaque jour nous place devant un nouveau défi. Beaucoup de nos confrères ont besoin de certitudes. La variabilité de la connaissance est pour eux anxiogène. Sans doute un des effets pervers de notre formation initiale hyper-scientifique qui ne laisse pas la place aux équations non résolues. Une place toute trouvée dans laquelle s’engouffrent les Gourous de toute sorte ! Nos ainés pétris de littérature et de philosophie avaient l’argumentation plus aisée car le doute chevillé au corps. 

Depuis longtemps surfant sur la peur de l’incertitude des groupes scientifiques ont travaillé au  recueil de données et à leur utilisation pour prévenir et prédire. Les assureurs y ont travaillé parmi les premiers. La médecine est devenue un terrain de jeu idéal pour développer ce travail vu l’enjeu économique à la clé !!
Un certain nombre de travaux plus « généraux » ont aussi vu le jour ,  au Canada notamment,  Citons la recherche interventionnelle en santé des populations (RISP) : « Elle vise l’amélioration, le renforcement, ou le maintien de la santé des populations. Il s’agit de produire des savoirs sur des politiques et des programmes d’intervention qui ont le potentiel d’agir sur la santé d’une population.. » D’où l’idée de cette équipe canadienne de promouvoir pour les chercheurs en RISP un « programme de formation transdisciplinaire sur les interventions en santé publique Promotion, Prévention, et Politiques Publiques » (1)


Malgré le coté transdisciplinaire affiché il s’agit bien d’un moyen de prévoir des économies de santé avec « des acteurs des milieux sociaux, politique, économiques et citoyens ». Les acteurs de santé ne sont intégrés à la démarche qu’en aval. Il s’agit de la politique 4P


Dans ce sillage technocratique, apparaît la médecine 4P : prédictive, préventive, personnalisée, participative. Certes chaque terme est heureux en soi : . La prédiction se veut plus personnalisée par le séquençage rapide du génome de chacun, permettant une prévention efficace des risques dépistés.  avec la participation du patient. Suit aussitôt la médecine 6P : en ajoutant Preuves (preuve du service médical rendu ) et Parcours.


Autant de sémantique pour poser les contours d’une nouvelle pratique médicale.(2), rendue possible par les outils numériques. Faut-il y voir une résurgence déguisée de la médecine comptable, ou une nouvelle recherche de certitudes ? Comment gérer, devant cette théorisation de la pratique, les réticences qui ne manqueront pas d’apparaître ? A cette étape balbutiante, quel étonnement de voir ce concept passer le cap du grand public à travers une émission de BFM Business ce 15 avril reprenant une diffusion du 15 Septembre, avec notamment l’intervention d’un représentant d’une entreprise pharmaceutique majeure, (directeur des données médicales de Roche) vantant la nécessité d’une telle démarche. 


Nous ne pourrons pas nous soustraire à l’utilisation du Big Data . Mais nous devons en faire un outil de valorisation des pratiques et un outil de formation contrôlée. Ceci impose un interlocuteur puissant pour cogérer des informations où les « propriétaires »  de données seront des géants. Seul un interlocuteur médical majeur  et innovant  ( la CSMF en est le meilleur exemple) pourra conseiller efficacement nos tutelles dans cet échange avec les poids lourds du Big Data. Mais qui sera « derrière » ces données ??.

Qui sera Big Brother ?

Palantir, spécialiste de l’analyse de données, aurait été choisi aux USA. Cette même société a été récusée par l’AP-HP, sans doute du fait de relations historiques entretenues avec la CIA, mais aussi en raison du Cloud Act !! (3). Rappelons que ce Cloud Act oblige tous les hébergeurs de sites aux USA à fournir toutes les informations stockées aux autorités américaines. On comprend l’attitude des autorités françaises qui, outre confidentialité et la sensibilité des données médicales, veulent un contrôle sécurisé  et indépendant. De ce fait Athos et Dassault System font partie des candidats potentiels. A notre grande surprise, ce printemps confiné, aura permis une nouvelle floraison des perspectives formatées de nos comportements, au prétexte qu’une modélisation conduit à plus de rigueur. La peur et le doute de l’arrivée d’une Épidémie inconnue risque de faire gober le concept Médecine 4P, 5P, 6P, avec enthousiasme par nos parlementaires! Toutes les dictatures sont des modélisations de comportement nées dans des moments d’incertitude. Elles réussissent facilement à convaincre ; nous savons que les comportements humains sont prévisibles en ces périodes de craintes. C’est pourquoi il faut aborder cette gestion des données avec la conviction que à chaque instant tout peut (et tout doit) être remis en question. Le doute reste le meilleur pacte avec la liberté.

Dr. Jean Paul JACQUES
Mai 2020

1- Guicherd-Callin L. & all. Can.J.PublicHealth2018 Apr ;109(2) :272-275
2- Connectedpctors.fr
3- Figaro du 23 Avril 2020 p. 35

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