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eJOURNAL – LA CONSULTATION DE PREVENTION : UNE AVANCEE MAJEURE. LA COLLABORATION POLITIQUE : INDISPENSABLE

La CSMF est en passe d’obtenir une authentique consultation de prévention. Dans un article récent (1) trois hépato-gastro-entérologues anglais rappellent que ces consultations doivent combler le fossé de compréhension entre la connaissance des facteurs de risques et la survenue des cancers. L’auteur rappelle qu’un cancer sur quatre est corrélé au mode de vie, de ce fait accessible à la prévention ! Parmi ces facteurs accessibles à une prévention il faut souligner dans l’ordre d’impact le tabac, le surpoids, l’exposition aux U.V., l’activité physique, les infections, l’alcool.

L’alcool est en cause dans 38% des cancers du pharynx, 22%des cancers du larynx, 13% des cancers de l’œsophage, 8% des cancers du sein, 7% des cancers du foie, 6% des cancers gastriques ; et le risque augmente avec le niveau de consommation. Alors que le taux de mortalité lié au tabac a diminué significativement au cours des 20 dernières années, celui lié à la consommation d’alcool n’a pas bougé. Une des raisons qui fait que le citoyen n’est pas convaincu du risque alcool est entre autre lié à l’absence d’une politique gouvernementale stricte. Rappelons qu’en France le vin est distribué dans les superettes d’autoroute ! , que jamais une carte d’identité de l’acheteur n’est demandé, que les taxes sur l’alcool restent dérisoires comparativement à celles sur le tabac par exemple. En France toujours la loi Evin a été de multiple fois « amendée », donc contournée. Et nous voyons refleurir régulièrement des publicités incitatives. Les industriels de l’alcool essaient de s’immiscer dans de nombreux « interstices ». L’arrivée de camions de vin ou de champagne dans nos écoles d’ingénieurs ou dans nos facultés sous prétexte de « fêtes » sont légions. Nous continuons de ce fait à vivre dans un monde « alcogénique ».En France comme en Angleterre aucune recommandations sur les divers flacons hors mis le risque de consommation pendant la grossesse.

Beaucoup d’associations devraient jouer un rôle crucial dans l’information du risque de l’alcool dans la survenue de cancer, mais un grand nombre manquent d’indépendance par rapport aux industries de l’alcool. Et souvent le risque alcool/ cancer du sein ou le risque alcool / cancer du colon y sont minimisés. Par exemple en se concentrant sur les gros buveurs les industriels de l’alcool véhiculent l’idée fausse que de faibles niveaux de consommation n’induisent aucun risque. Il faudra aussi expliquer au grand public les mécanismes sournois de l’action de l’alcool comme carcinogène. (ceux-ci sont moins palpables que le tabac, « visible » à travers la fumée et son passage dans la gorge et les poumons). Ainsi seulement 18% des citoyens anglais évoquent un lien entre consommation d’alcool et cancer du sein. Ceci nous impose au cours des consultations de prévention de détruire les « fake news »  introduites subtilement par les industriels de l’alcool : nous savons aujourd’hui qu’il n’y a pas d’effet protecteur de la consommation « modérée »  d’alcool. Bien plus toute consommation, même faible, d’alcool est un risque notamment chez les femmes (du fait que le risque cancer du sein est  fortement majoré par de faible consommation d’alcool !)   Nous pourrons sans doute nous servir dans le même temps des messages contre le surpoids dans la mesure ou la consommation d’alcool est un facteur de surpoids.

Pour être efficace une prévention des risques de l’alcool doit suivre le chemin pris pour la lutte contre le tabac et commencer par des décisions politiques fortes: l’arrêt de toute publicité, l’absence de sponsoring d’évènements sportifs, l’absence de rayonnages visibles pour la vente au détail, l’utilisation d’emballage standardisés, et une taxation élevée.(1) Une récente étude danoise (2) confirme que des campagnes de santé publique ciblées sur l’alcool augmentent la compréhension du risque alcool-cancer, et renforcent le soutien de la population aux campagnes de lutte contre la consommation d’alcool.

Pour aboutir une consultation de prévention parfaitement rémunérée est un préalable. Les Gastro-entérologues, nous venons de le voir, sont en première ligne d’une telle démarche du fait du large  spectre des cibles qu’ils gèrent. L’efficacité des mesures de lutte contre le tabagisme montre qu’un résultat est possible. La même volonté doit être concentrée sur l’obésité et l’alcoolisme. Les consultations de prévention sont une avancée majeure en termes de santé publique. Pour avoir un effet rémanent il faut un engagement politique fort contre les différents lobbies de l’agroalimentaire et de la distribution. Ceci suppose un investissement conséquent, indépendant des différents industriels concernés, avec une évaluation régulière des résultats. En revanche nous devrons refuser toute évaluation des consultations de prévention si le volet politique n’est pas solidement mis en place, pour éviter qu’un problème politique ne se transforme en  faute médicale.

Dr Jean-Paul JACQUES
Mars 2020

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