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eJOURNAL – DORMIR AVANT DE MOURIR

Nos amis anglais sont terriblement efficaces : Sans aucune gêne, ils acceptent de rediscuter des évidences dangereuses jusqu’à ce que le danger soit reconnu et le comportement modifié. Dans « Commentary » (1) de ce mois , nous apprenons l’histoire terrible de ce jeune anesthésistes de 33 ans qui rentre chez lui après une garde de 12 h de nuit . Pour ne pas dormir il est au téléphone avec sa jeune épouse enceinte. Elle lui parle pour éviter qu’il ne s’endorme . sa voix s’empâte. Son épouse crie pour le réveiller. Brutalement la communication s’arrête. La voiture s’est impactée dans un camion venant en face . La communauté médicale anglaise s’est alors reposée la question de ce qu’il faut faire pour éviter de tels drames d’autant que, sur une étude observationnelle de 2000 anesthésistes (2), 57% racontaient avoir eu un accident ou en avoir évité un de justesse en conduisant après une garde de nuit. La démarche reste toujours la même : En premier poser le problème. En second trouver des solutions même partielles au problème.

Le problème : Apres 10h d’éveil continu, toute personne, voit apparaitre les premiers troubles cognitifs et psychomoteurs, qui ne font que s’aggraver tant que le sujet reste éveillé. Apparaissent en même temps des phénomènes de micro-sommeil incontrôlables qui prennent toute leur gravité lorsque le sujet est au volant.

Depuis longtemps les pilotes de long courriers organisent des siestes forcées qui évitent les micro-sommeils. Dormir pendant une garde doit devenir une obligation et non un signe de faiblesse. Les sommeils forcés doivent s’apprendre. Mieux encore il faut choisir le « sommeil caféiné », qui consiste à boire un dose de café fort, juste avant cette sieste forcée, ce qui amène l’effet maximal de la caféine au moment du réveil 30’ après la prise.
C’est aussi le rôle des médecins expérimentés de repérer tout signe de fatigue chez leurs collègues jeunes et moins jeunes.

ET ne croyez pas que seuls les anesthésistes soient concernés ! Combien d’entre nous ont régulièrement une activité continue de plus de 10 heures . Vous avez du vous reconnaître dans les descriptions précédentes.

Les questions à poser sont les suivantes :

  • Vous sentez-vous fatigué ? 
  • Avez-vous eu une activité continue de plus de 10 heures. ? 
  • Avez-vous eu besoin de caféine pour « tenir » ! ?
  • Avez-vous eu besoin d’une sieste forcée ? 
  • Quelqu’un vous a-t-il dit que vous aviez l’air fatigué ?

La réponse OUI à une seule de ces questions impose de ne pas laisser cette personne partir au volant ! Conseillez lui une sieste avant de partir, ou trouvez lui un autre moyen de locomotion pour rentrer, ou faites l’eefort de la raccompagner. En un mot n’hésitez pas de rabâcher, voire de l’embêter, avec des évidences.

En un mot acceptons et faisons accepter de Dormir plutôt que de mourir !

  1. Commentary (magazine of the rcp)december 2019 Issue 6 p.23:
  2. Mac Clelland &al. : Anesthesia 2017 72(9) 1069-77

Dr Jean Paul JACQUES
Mars 2020

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